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Revue d'Histoire de la Shoah n°192 - Catholiques et protestants français après la Shoah

Mémorial de la Shoah

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Il y a cent ans, les catholiques étaient encore nombreux en France à manifester bruyamment leur antisémitisme à l’occasion de la réhabilitation du capitaine Dreyfus et lors des joutes oratoires qui accompagnèrent le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État. Au début du XXI° siècle, malgré quelques faux pas encore, les relations entre les Églises chrétiennes et les Juifs sont amicales. En France, les hiérarchies des Églises chrétiennes et la majorité des chrétiens reconnaissent leur héritage provenant du judaïsme. Mais le chemin a été long et à n’en pas douter la découverte de l’horreur de la Shoah a ébranlé les consciences, a éveillé les esprits. 
Les photos des charniers, les témoignages des rescapés que l’on pouvait entendre, si l’on écoutait, dès le lendemain de la guerre ont interpellé des chrétiens. Les Églises ont-elles eu leur part de responsabilité en répandant l’anti-judaïsme par l’« enseignement du mépris » (Jules Isaac) et ont-elles ensuite laissé faire ? Le cheminement fut lent et le parcours parsemé d’embûches : hésitations d’un Marrou envers l’Amitié judéo-chrétienne dès ses débuts, frilosité, sinon hostilité de l’Église catholique dans l’affaire Finaly etc. Et même après le Concile du Vatican II et la publication de Nostra Ætate, les partisans d’un dialogue judéo-chrétien eurent à batailler comme l’ont montré l’affaire du Carmel d’Auschwitz, et celles de la béatification d’Edith Stein ou d’Isabelle la Catholique. 
Le rapprochement judéo-chrétien est-il une conséquence de la Shoah ? Si la Shoah a peut-être permis aux chrétiens, et surtout aux catholiques, de reconnaître leur filiation envers le judaïsme, quelques belles figures sont aussi à l’origine de ce revirement : les PP. Dabosville, Decourtray, De Goedt etc. Et bien sûr le P. Lustiger. Il faut aussi mesurer à leur juste valeur les efforts accomplis par les Juifs convertis au catholicisme pour faire le lien entre les deux religions que le pape Jean-Paul II appelait à la fraternité. 
Le dossier rassemblé par Danielle Delmaire et Georges Bensoussan présente des études, des documents mais aussi plusieurs témoignages des acteurs de cette sorte de teshouvah. In fine, aura-t-il fallu la Shoah pour éradiquer (mais l’est-il vraiment complètement ?) l’antijudaïsme chrétien ?