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Les Fosses du franquisme est un document indispensable pour comprendre les soubresauts de la société espagnole d'aujourd'hui et réaliser une lecture plus juste de ce que fut la guerre civile d'Espagne.

Emilio Silva et Santiago Macías, les deux auteurs, trempent leur plume dans une plaie qui n'est pas encore cicatrisée, celle de l'extrême brutalité du travail d'éradication de républicains ordinaires auquel s'est livré le franquisme pendant la guerre et au-delà, tout au long de la dictature. Ce livre nous révèle que toute la géographie espagnole porte les stigmates d'une lutte cruelle qui a fait plus de morts pour raisons de conscience que pour faits de guerre.

Plus de six cents charniers qui contiennent près de quarante mille corps parsèment encore les bas-côtés des routes, les collines, les puits, les précipices de la Péninsule, mais aussi des Baléares et des Canaries. Le travail d'éradication a été pensé dès la préparation du coup d'Etat de Franco. Il fallait non seulement faire peur, terroriser, pour marquer durablement l'ennemi. Mais il fallait surtout faire disparaître, au sens physique du terme, les instituteurs que la République avait formés, les avocats et les médecins des pauvres, les syndicalistes, les animateurs des cercles culturels, les fonctionnaires fidèles au gouvernement légal, les élus du Front populaire.

Les "vaincus" se sont d'abord tus. Les survivants ont contraint leurs enfants au silence pour leur épargner répression et humiliations. Les petits-enfants, qui n'avaient pour certains même pas dix ans à la mort du dictateur, ont commencé vers le milieu des années quatre-vingt dix une quête parfois strictement personnelle sur une histoire occultée. Et à l'ère d'Internet, ils ont basculé de l'intime au collectif. De l'espace familial à la sphère politique, ils ont porté sur la place publique le refoulé.

La génération d'Emilio et de  Santiago n'a plus peur. Elle habite le passé et le présent espagnol sans complexe. Elle est fière d'être l'héritière des proscrits. Sur ses tee-shirts, elle arbore un slogan : Somos los nietos de los vencidos. "Nous sommes les petits-enfants des vaincus."

Ouvrage traduit avec le concours du Centre National du Livre.