Bien que Vann Nath ne soit ni écrivain ni artiste au sens où on l’entend généralement, son témoignage en mots et en images est à ranger parmi les œuvres majeures de la mémoire concentrationnaire aux côtés de celles de Primo Levi et de Varlam Chalamov. Au moment où s’ouvre enfin le procès des dirigeants khmers rouges survivants, dont le fameux Douch, Dans l’enfer de Tuol Sleng jette une lumière crue sur la barbarie d’un système dont les responsables affirment aujourd’hui, suivant un scénario devenu familier, qu’ils « ne savaient rien » ou qu’ils « obéissaient aux ordres ».