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De tous les communistes qui, de leur propre gré, se sont séparés de leur parti, Milovan Djilas est le seul qui, devant une dernière alternative, ait abandonné tous les privilèges du petit groupe d'hommes qui, depuis quelque vingt ans, domine la Yougoslavie. Il n'a cessé d'indisposer les maîtres de son pays depuis janvier 1954. Tout seul, sans armure, il mène une lutte inégale dont l'issue ne paraît pas incertaine.
Dans son pays, le Montenegro, les enfants apprenaient à connaître une seule peur : celle d'en montrer. Ils s'exerçaient à faire toujours preuve de ce courage exaspérant qui pousse à chercher le danger ou à le créer par des défis insensés.
Depuis sa rupture avec Tito et son régime, Djilas pratique ce défi dans un isolement effroyable. Pour justifier le régime il était parti à la recherche d'arguments de propagande et rencontra en route la vérité sur la dictature. Il découvrit alors dans son miroir un homme qu'il fallait combattre tout autant que son grand ami Tito et tous ses frères d'armes.
Comme Victor Serge, Ignazio Silone, Arthur Koestler et d'autres écrivains-témoins de notre époque exaltante et terrible, Djilas se mit à écrire dans le no man's land, non pour retrouver une patrie mais pour justifier sa propre survie.
Les récits réunis dans ce recueil, écrits après la Nouvelle Classe et l'autobiographie Pays sans justice, révèlent un remarquable poète épique, un écrivain qui vient de loin.
Des nouvelles comme l'Exécution, le Lépreux ou la Guerre qui relatent, chacune d'une façon particulière, des expériences étranges, nous émeuvent et ébranlent nos certitudes. Comme toute vraie création littéraire, elles mettent en question le sens de notre existence, tout en rapportant des événements et des faits d'une guerre lointaine, d'un pays qui nous reste bien étranger.
Si Milovan Djilas demeure aux yeux de ses juges et de ses geôliers un contre-révolutionnaire, les lecteurs, eux, découvrent en lui un des écrivains révolutionnaires les plus inquiétants de notre temps.