" C'était Anna qui avait voulu prendre le car. Ils auraient pu louer  une voiture ou voyager avec la vieille Opel de Joseph qui, bien que  toussotante, roulait encore. Elle préférait que le voyage dure. Il  n'y avait qu'un départ par jour et, sous l'abri métallique,  attendaient déjà une vingtaine de personnes. C'était le début de  l'après-midi, mais sous le ciel plombé, il faisait sombre comme au  soir et les enseignes lumineuses s'étaient allumées. Sur un mur,  au-dessus d'une rangée de fenêtres obscures à l'angle d'un immeuble  clignotaient des néons, plus ou moins vite, plus ou moins haut,  clignotaient sans relâche, sans souci de l'heure, chacun avec sa  cadence propre. [...] Dans l'affolement des couleurs Anna ne  parvenait pas à fixer son attention. Joseph n'était pas encore là. "
