Que deviennent les corps dans une société qui prétend se dispenser d'idéal ? De tout temps, ils ont été tirés en avant par le rêve d'un avenir meilleur, soit sur cette terre, soit après la mort. La science a mis un terme à cette idéalisation du futur en la ramenant à des lois dont les hommes sont les jouets plutôt que les acteurs. Aujourd'hui, les experts nous somment d'abdiquer notre liberté au nom des lois du fonctionnement de la matière, de l'organisme, de l'économie, etc. Il en procède une nouvelle représentation d'un corps autistique, génétique, avec sa pathologie, son art, sa politique violente, hantée par le rêve totalitaire d'un retour du père. D'autant que la science fonctionne à son insu comme une nouvelle religion, aussi intolérante que ses aînées. Mais cette angélisation à marche forcée annonce aussi la naissance d'une subjectivité inédite, d'une immense libération qui advient par des voies que l'on n'attendait pas. C'est déjà la nôtre, quand nous l'osons...